Les Enfantillages d'Aldebert par Yaka Mag (27/10/08)

L'une des valeurs sûres de la "nouvelle scène" signe un disque pour enfants que les grands vont aussi adorer! Pas de facilité mais un bel album de chansons sur le thème de l'enfance. Découvrez notre interview!

Guillaume Aldebert est né à Paris en 1973, un beau jour de juillet. Étant enfant, il écoute avec ses parents les plus grands chanteurs francophones, comme Gainsbourg, Brel, Brassens… Il apprend très vite à jouer de plusieurs instruments, écume les groupes de rock du lycée et, après le bac, s’oriente d’abord vers la photographie. Mais il déclare franchement son amour à la musique en composant son premier album, le savoureux Plateau télé, qui paraît en 2000. Sa présence scénique et ses talents de parolier font le reste : Aldebert devient définitivement auteur, compositeur, musicien et chanteur.
"Enfantillages" est le cinquième album de l'artiste, juste après "Les paradis "disponibles (2006), qui a connu un beau succès. C’est ici un tout nouveau concept auquel se frotte Aldebert, devenu papa il y a quelques années.
C’est en effet durant son expérience d’animateur dans une école primaire qu’il réalise que l’imaginaire enfantin peut être une source intarissable d’inspiration… Enfantillages est donc destiné aux enfants, et ne lésine guère sur la qualité ! Seize titres dont onze chantés avec des invités VIP comme Renan Luce, Clarika, Élodie Frégé, Riké, Amélie-les-Crayons, Vincent Baguian, Maxime Le Forestier, Steve Waring et même les Ogres de Barback !... Les morceaux, qui bénéficient d’une rare harmonie, parlent d’une famille qui pourrait être la nôtre ou la vôtre, avec des personnages hauts en couleur : le chat glouton, la Super Mamie...
Yaka-Mag ne pouvait pas laisser passer l’occasion d’interroger Aldebert sur le pourquoi du comment de ses Enfantillages. .. voilà ses réponses, claires, précises et spontanées !



INTERVIEW

Yaka-Mag : Comment avez-vous eu l’idée de cet album ? Est-ce un détail en particulier de votre expérience professionnelle auprès des enfants, la paternité… ?
Aldebert : C'est au sortir de cette période en tant qu'animateur en école primaire, au début des années 2000, que j'ai eu cette idée de projet pour enfants. À cette époque, je commençais à jouer à droite, à gauche, à enchaîner les concerts. C'est finalement l'année dernière, après quatre albums et six cents concerts, que j'ai pris le temps de concrétiser tout ça. J'avais déjà quelques titres comme « Super Mamie » ou « Pépette » que j'avais écrits à l'époque. Cet album me tenait à coeur depuis longtemps : mon univers en général n'est pas très éloigné du monde de l'enfance, enfin... c'est ce que l'on me dit souvent !

Comment avez-vous choisi les artistes qui participeraient à votre album ?
Au hasard des rencontres en tournée, sur les festivals, et beaucoup par affinité. Je souhaitais convier sur ce projet des artistes d'univers et de génération différents afin que l'album gagne en relief. Pas mal d'entre eux sont des références en matière de chanson pour enfants (comme Steve Waring et Anne Sylvestre, qui sont d'ailleurs les premiers chanteurs que j'ai pu écouter étant petit) et tous apportent quelque chose de singulier en matière de timbre et de ton.

YM: Sur les seize titres de votre album, onze sont chantés avec vos invités. L'enregistrement et la production de l'ensemble n'ont pas été trop délicats ?
A : C'est vrai que sur le papier, cela peut paraître compliqué, mais les invités se sont prêtés au jeu très simplement. Le fait que ce soit un album pour enfants participe à une certaine "liberté" et apporte une fraîcheur... On pense peut-être moins à son image et plus au plaisir d'amuser les auditeurs ! Nous avions, pour l'enregistrement des voix, une demi-journée de studio par invité. Chacun d'entre eux avait reçu la maquette de la chanson en « guitare-voix » avant. Nous répétions en acoustique le titre une heure avant dans la cabine et enregistrions dans la foulée le duo.

YM : Comment s'est déroulée l'écriture des chansons ?
A : Quand je faisais des « ateliers chanson » avec les élèves de CP ou CE1, je leur faisais souvent écouter des chansons de Sanseverino ou de Thomas Fersen et je me suis aperçu qu'ils accrochaient beaucoup ce type d'arrangements et de textes (de l'humour, de la poésie, un ton bien tranché), beaucoup plus que le répertoire dit « classique » qui leur était destiné. Je suis donc allé dans ce sens : proposer un album pour enfants, « différent », avec des arrangements et des textes qui ne soient pas infantilisants. Et même s'il y a des mots compliqués, allons-y ! J'ai le souvenir, étant enfant, d'avoir appris les chansons de Brassens sans forcément tout comprendre au début, et de demander le sens de certains mots à mes parents, ou encore de découvrir par la suite qu'une chanson comme « Le gorille » n'était pas qu'une chanson sur un gros singe !
J'aimais bien également l'idée de proposer deux lectures dans les chansons : que les enfants et les parents s'y retrouvent… c'est peut-être un album pour la famille tout entière (pour le chat également !). J'ai choisi les thèmes des titres en fonction des attentes des enfants: une chanson sur la peur du noir, sur un chat glouton, ou d'une mamie avec des super pouvoirs... Trouver des sujets qui les interpellent et qui les amusent me semblait essentiel.

YM : Vous semblez retracer les aventures d'une seule et même famille... ressemble t-elle à la vôtre?
A : Quelque part… oui. On est toujours un peu le reflet de ce que l'on raconte : mon chat "Monique" a pas mal de points communs avec Pépette, et je me retrouve bien dans les personnages des enfants. Ma grand-mère est également à sa façon une « super-mamie ». Quant à la chanson « Pour louper l'école », c'est complètement moi ! J’ai toujours imaginé toutes sortes de choses pour pratiquer l'école buissonnière ! Mais ce n'est pas un exemple à suivre… !

YM : L'humour, la dérision, l'ironie sont très présents dans vos textes, mais en tendresse. Comment avez-vous trouvé le ton juste ?
A : Je ne sais pas si c'est le ton juste, ravi que vous y soyez sensible en tout cas ! Je m'efforce de mettre toujours un peu d'humour et de dérision dans les chansons que j'écris, même pour traiter des sujets graves. Cela fait partie de mes outils d'écriture, dirons-nous. Second degré et la tendresse vont souvent de pair, et je me plais beaucoup à les associer dans les chansons.

YM : Avez-vous sur ces seize chansons un ou deux titres qui vous touchent particulièrement ?
A : J'aime chacun des titres de ce disque pour des raisons différentes : l'énergie, l'humour, l'arrangement, les voix des invités... Chacun me rappelle une foule d'anecdotes : la rencontre et la séance d'enregistrement avec Maxime Le Forestier reste peut-être le souvenir le plus chargé en émotion. Et ce titre en particulier, « Plus tard quand tu seras grand », qui s'adresse à toutes les générations...

YM : Vous partez très bientôt en tournée. Quels sont vos rapports à la scène ? Et que réservez-vous au public ?
A : J'ai toujours adoré la scène, c'est la facette du métier que je préfère. C’est la plus excitante et la plus ludique. Je considère les planches comme une grande cour de récréation. J'ai toujours privilégié une proximité avec le public, on me dit souvent qu'il y a un côté très théâtral dans mes concerts : j'ai l'habitude d'aller chanter dans le public, de faire monter des gens sur scène, d'improviser avec eux... J'aime apporter un côté one-man show au spectacle, de façon à le rendre le plus vivant possible. Rien n'est moins intéressant que d'aller voir un chanteur qui nous joue le disque sur scène sans quelque chose en plus : re-visiter les chansons, parler au public, bouger... Mon équipe et moi sommes actuellement en répétition pour écrire et composer un spectacle autour de ce disque, en mettant l'accent sur l'interaction avec le public et les musiciens. Nous vous préparons quelques surprises… que vous découvrirez si vous venez nous voir !

Sophie Rosemont

Publié le 27/10/2008
http://www.yaka-mag.com/magazine-culture/ecouter/cd,3,7,1,107,0