Mag' Centre - Elodie Frégé : l'Ecole est finie (06 mai 2014)

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Elodie Frégé : l’Ecole est finie !

6 mai 2014 | Catégorie: Rococo Mag'
Par Elise Escoffier


On ne lui a rien dit (on était les dernières de la matinée à l’interviewer, inutile d’en rajouter) mais sa victoire sur Michal lors de la deuxième édition de la Star Academy nous est toujours restée en travers de la gorge. Certes, il avait volé l’orange. Soit. Mais il rendait hystérique notre petite sœur, au point qu’on devait poster ses lettres couvertes de cœurs au stabilo. On vous laisse imaginer les longues journées qui ont suivi la victoire de la gentille blonde bien sous tous rapports… On l’a retrouvée,10 ans plus tard, beaucoup moins sage. C’est avec un album très sensuel, rythmé par une bossa-nova charmeuse, qu’Élodie nous a fait oublier ce triste épisode. Explications.

Ce dernier album est vraiment surprenant, parfois plus sussuré que chanté, qu’est ce qui vous a fait partir dans cette direction ?
Avec moi, chaque chose arrive par surprise. Je n’ai jamais l’impression de m’asseoir, de prendre ma guitare et de décider de prendre consciemment une direction. Là, c’était tout de suite très sensuel, beaucoup plus qu’avant. J’ai un côté très taquin, j’aime jouer sur les mots et je me suis rendue compte, après avoir écrit deux ou trois chansons, qu’elles se rejoignaient toutes dans quelque chose de très charnel.

C’est une facette qu’on ne vous connaissait pas, vous qui étiez plutôt sur les sentiments, la mélancolie…
Oui, on sent l’œil qui frise et ça change ! Jusqu’ici, j’avais tendance à chanter avec l’œil triste, j’avais choisi la séduction de facilité, la mélancolie sombre. Elle fait partie de ma personnalité, il faut le reconnaître, il y a des gens qui ont énormément d’énergie, qui sont toujours dans quelque chose de positif, moi, j’ai besoin de contre-balancer. Cela fait des années que je panique, que je me prends la tête facilement. Je suis quelqu’un d’assez complexe comme artiste, comme femme, et cela se ressent dans ma musique, mon écriture. Mais aujourd’hui, j’ai passé un seuil. Je suis plus proche de moi-même. Je ne sais pas à quoi c’est dû mais je commence à arrêter de souffrir à tout prix, de tout faire dans la panique, l’angoisse. Je commence à trouver un chemin vers la simplicité, le sourire est là plus vite et cela s’exprime dans ma musique.

Et cela donne donc « Amuse-Bouches » où vous prenez de vrais risques en partant vers quelque chose de plus solaire, festif…
Je crois que c’est lié à un vrai plaisir de parler de plaisir, d’essayer de se faire du bien, pas que sexuellement… mais le message est là. Essayons d’être heureux car, de toute façon, que faire d’autre ? C’est une quête banale, trouver un petit morceau de bonheur, mais qui demande de vraiment s’y atteler.

On trouve à nouveau deux reprises dans cet album, un titre peu connu de Serge Gainsbourg et votre interprétation personnelle de « Tu veux ou tu veux pas ? »…
J’aime beaucoup faire des reprises. Je n’en ferais pas un album entier, mais j’ai plaisir à reprendre des chansons qui me touchent, qui me plaisent, et une vraie envie de cultiver la curiosité chez les autres, de leurs faire découvrir des titres qu’ils ne connaissaient peut être pas.

On vous a vue en co-coach de Jenifer dans The Voice, comment avez-vous vécu cette expérience ?
Je n’aimerais pas être à leur place ! La compétition est très, très dure. Pour rien au monde, je ne voudrais revivre ça. J’ai dû être très douce parce qu’ils ont déjà des voix, des expériences, mais leur apprendre des choses comme l’harmonie, le fait de ne pas tomber dans le grossier, le vulgaire, de ne pas se dire qu’il faut absolument beugler pour se distinguer. Je ne peux pas considérer la musique comme ça. Pour moi, il faut être capable de créer des émotions différentes en trois minutes, de vraies montagnes russes.


Vous aimeriez vous retrouver juré dans une émission comme The Voice ?
Pourquoi pas. J’ai arrêté de dire « je ne ferai jamais », ça reste la chance de voir des musiciens jouer en live, des chansons plus ou moins connues, de découvrir des personnalités, c’est intéressant.

Vous avez récemment poussé un coup de gueule sur votre page Facebook, où vous regrettiez qu’on vous invite à la télévision pour votre physique sans parler de votre album ou pouvoir interpréter un de vos titres…
Le problème est que je ne sais pas me placer. Je dois faire en sorte qu’on parle de ma musique tout en donnant aux gens ce qu’ils veulent. Il est très difficile de trouver le bon équilibre. Je n’ai pas envie de me sentir putassière et j’ai parfois raté des opportunités parce que je n’acceptais pas de me donner en spectacle. Je ne suis pas douée pour tout ça. Je suis douée pour enregistrer des chansons, les écrire, les composer… ce qui est autour, c’est compliqué.

On vous a vu faire des apparitions au cinéma, notamment dans Potiche. C’est une carrière dans laquelle vous souhaitez persévérer ?
J’ai un agent pour le cinéma qui me pousse un peu mais je n’arrive pas à savoir ce que je vaux. Pour moi, c’est juste une histoire de plaisir. Mais j’ai quand même des choses qui se préparent. En attendant, on va vous retrouver sur scène.

À quoi peuvent s’attendre ceux qui viendront vous écouter ?
À quelque chose d’assez intimiste. Pas éclairé à la bougie non plus, mais, avec des lumières très chaudes. C’est ce que j’aime. On a réarrangé certains titres et travaillé sur les costumes avec William Carnimolla (styliste et animateur de Belle Toute Nue), c’est un spectacle qui me correspond et qu’on a vraiment plaisir à partager !
Propos recueillis par Élise Escoffier.


Ecoutez « Amuses-bouches » d’Elodie Frégé sur Deezer par ici.



Elodie Frégé est en concert à la salle de spectacle de Saint-Jean-de-la-Ruelle le vendredi 16 mai à 20 h 30. Réservations : www.ville-saintjeandelaruelle.fr et points de vente habituels. Tarif : 15,30 €.